De plus, leur utilisation dans un cadre médical et thérapeutique est particulièrement féconde.
Les résultats sont là, les recherches sur ce sujet se multiplient et la médecine occidentale s’ouvre à certaines de ces pratiques.
Des ponts se créent aujourd’hui entre certaines traditions et les découvertes scientifiques.
Ainsi
la méditation dite de pleine conscience,
traduit de l’anglais « mindfulness », est une pratique qui existe depuis des milliers d’années et qui constitue la pratique de base des différentes méditations bouddhistes. Elle s’est popularisée ces dernières années dans nos sociétés occidentales et a même fait son entrée dans une dizaine d’hôpitaux en France, comme à Strasbourg qui a créé le premier diplôme universitaire de « Médecine, méditation et neurosciences » s’adressant à des médecins, psychologues, scientifiques.
Des études de Richard Davidson de l’université de Wisconsin-Madison, aux États- Unis, ont montré que les moines bouddhistes expérimentés produisaient, en méditant, près de 30 fois plus d’ondes gamma (activité mentale intense) que les débutants. Cela étant, la méditation de pleine conscience n’est pas une technique ayant pour objet la modification de l’activité cérébrale mais une manière d’être et une façon de voir qui recèle de profondes implications pour la compréhension de la nature de notre esprit et de notre corps (Kabat-Zinn). Aujourd’hui, certains considèrent cette forme de conscience comme une compétence psychologique à part entière (Shapiro, Carlson, Astin et Freedman).
L’hypnose
quant à elle module les circuits cérébraux de la perception de la douleur, comme l’a montré l’équipe de Marie-Élisabeth Faymonville en Belgique. Ses recherches permettent d’affirmer que les patients sous hypnose activent, au niveau du cerveau, un réseau qui permet de mieux gérer la douleur, ce qui réduit de façon importante la perception et le désagrément liée à la douleur. Ces résultats ont favorisé l’introduction de l’hypnose à l’hôpital, notamment au bloc opératoire, combinée à une anesthésie locale et à une sédation légère.
L'étude de la transe
a également beaucoup avancé sous
l'influence de Corinne Sombrun, ex-compositrice et reporter formée dans la plus pure tradition par
une chamane
de l'ethnie des Tsaatans, dans le nord de la Mongolie, aux confins de la Sibérie. L'histoire de son initiation a d'ailleurs été racontée par la réalisatrice Fabienne Berthaud dans le film « Un monde plus grand », sorti en 2019, avec dans son rôle Cécile de France. Suite à cette initiation, Corine Sombrun va tenter de comprendre et de faire reconnaître, dans le monde occidental, la pratique de la transe qu'elle maîtrise. Elle contacte pour cela des laboratoires scientifiques. A l’époque, les mécanismes neurophysiologiques à l’œuvre dans ce type de transe sont très peu connus. On disait même des chamanes qu’ils étaient des simulateurs. Corinne Sombrun se prête à des études menées sur son cerveau, de l’électroencéphalogramme à l’imagerie cérébrale par IRM quand elle déclenche cet état de transe . Les recherches concluent que la transe est bien un état modifié de conscience non pathologique. Des publications scientifiques montrent que la transe modifie les circuits du fonctionnement cérébral. Avec ces années de pratique en Mongolie, Corine Sombrun avait perçu à quel point pendant cet état de transe on ressentait moins la douleur, on avait plus de force, et on avait accès à des informations. Ces avancées sur ce qui s'appelle désormais
la transe cognitive
permettent d'entrevoir le potentiel thérapeutique de ces états: par exemple, dans le cas de traumas, la transe permettrait de les faire réémerger, de les retraverser pour, les réparer. Elle permet également d’accéder à une perception plus ouverte sur son environnement, moins centré sur soi. Enfin elle donne accès à une intelligence plus intuitive. C’est cette "Diagonale de la joie ": un nouveau rapport au monde et à soi.
Dans le sillon de ces résultats scientifiques prometteurs, l'université de Paris 8 a créé depuis septembre 2022 un DU sur les phénomènes de transe, en mettant en dialogue les connaissances en psychologie, anthropologie, neurosciences, médecine, sociologie, etc.
Transe hypnotique, pleine conscience et transe cognitive sont donc aujourd’hui des niveaux de la conscience dont on valide scientifiquement l’existence et l’intérêt thérapeutique.